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  • Chambres en enfilade : redonner du sens à ces espaces d’un autre temps

    Chambres en enfilade : redonner du sens à ces espaces d’un autre temps - The Art Avenue

    Je me souviens encore de ma première visite dans un appartement typiquement haussmannien, où les pièces se succédaient comme les wagons d’un train. Ce type d’agencement – les fameuses chambres en enfilade – a un charme certain. Lumière traversante, volumes généreux, moulures d’époque… mais aussi un vrai casse-tête au quotidien. Comment préserver l’intimité quand il faut traverser la chambre de son colocataire pour aller à la salle de bain ? Où placer ses meubles quand chaque mur est une porte de passage ? Ce qui, autrefois, relevait d’un usage pratique, peut aujourd’hui s’avérer pesant, voire incompatible avec nos rythmes modernes.

    Et pourtant, loin d’être un handicap, l’enfilade peut devenir une formidable opportunité d’aménagement astucieux et de mise en valeur architecturale. À condition de repenser ses usages.

    Origine et caractéristiques des chambres en enfilade

    Ce type de configuration trouve ses racines dans l’architecture des demeures bourgeoises du XIXe siècle. À l’époque, il s’agissait d’optimiser la distribution de la chaleur, en supprimant les couloirs, jugés inutiles et coûteux à chauffer. Chaque pièce menait à la suivante, sans transition, dans un enchaînement logique et fluide. C’était aussi une manière de hiérarchiser les espaces : plus on s’éloignait de l’entrée, plus on accédait à des pièces “privées”.

    Aujourd’hui, ces espaces posent problème : peu d’intimité, mauvaise insonorisation, difficulté à cloisonner les usages. Mais ils offrent aussi un potentiel de transformation immense, notamment grâce à leur luminosité naturelle, leur longueur inhabituelle et leurs belles hauteurs sous plafond.

    Révéler le potentiel caché : une lecture moderne de l’enfilade

    Avant de transformer, il faut observer. Chaque enfilade est unique, selon la disposition, la taille des pièces, l’exposition. L’objectif n’est pas forcément de tout changer, mais d’interpréter différemment ce qui existe déjà.

    Commencez par définir clairement la fonction de chaque pièce. Plutôt que de laisser l’espace dans une forme d’ambiguïté (“c’est à la fois une chambre d’ami, un bureau et une salle de sport…”), choisissez une fonction principale. Cela permet de structurer l’usage et la circulation.

    Par exemple, dans un trois pièces en enfilade :

    • la première pièce peut devenir un espace bureau ou bibliothèque, à l’interface entre vie privée et professionnelle ;
    • la seconde, plus centrale, fait une excellente chambre principale ;
    • la dernière, si elle donne sur une cour ou un balcon, peut accueillir un dressing, une salle de bain attenante, voire un espace détente.

    On passe ainsi d’un simple alignement à une véritable suite parentale, cohérente et confortable.

    Le décloisonnement maîtrisé : lumière, volume, respiration

    On associe souvent les rénovations contemporaines à l’idée de décloisonnement. Mais dans une enfilade, attention à ne pas tomber dans l’excès inverse : tout ouvrir, c’est parfois perdre ce qui faisait la qualité des lieux.

    L’approche la plus pertinente consiste à introduire des séparations visuelles légères, qui délimitent sans enfermer. Verrières, claustras en bois, rideaux épais, bibliothèques ajourées : ces éléments permettent de moduler l’espace selon les besoins, de faire respirer la lumière tout en conservant des repères fonctionnels.

    On peut aussi jouer avec les matériaux pour rythmer l’espace : un parquet posé dans un sens différent, une peinture plus sombre dans une pièce tampon, un tapis central qui fait office de sas. Ces effets de matière et de couleur participent à la requalification des pièces, sans transformation lourde.

    Créer une suite parentale : confort, fluidité, intimité

    L’un des scénarios les plus séduisants dans une enfilade est la création d’une suite parentale articulée autour de trois espaces : chambre, dressing, salle d’eau. Ce type de configuration donne l’impression d’un cocon, où chaque fonction s’enchaîne naturellement.

    La pièce centrale accueille le lit ; la suivante devient un dressing semi-ouvert ou une salle de bain privative, et la dernière pièce, plus reculée ou plus calme, peut se transformer en coin lecture, bureau, voire salle de yoga.

    Et pour ancrer la chambre dans une vraie logique de confort, on choisit un lit digne de ce nom. Rien de tel qu’un environnement de couchage pour deux bien conçu pour structurer visuellement l’espace et créer une respiration au cœur de l’agencement. Le mobilier n’est pas qu’un accessoire, il devient ici un outil d’architecture intérieure.

    Aménager une enfilade familiale : circulation partagée, zones dédiées

    Dans un appartement familial, l’enfilade peut sembler difficile à vivre : enfants qui se croisent, bruit qui se propage, fonctions qui se chevauchent. Pourtant, avec un aménagement bien pensé, elle devient une colonne vertébrale autour de laquelle chaque membre trouve sa place.

    Plutôt que de créer des chambres strictement séparées, pourquoi ne pas envisager une organisation semi-ouverte, où certaines pièces sont partagées (coin jeux, espace devoirs), et d’autres plus privées (chambres, coin lecture) ? L’idée est de composer des zones de transition qui amortissent le passage d’un espace à l’autre.

    Des astuces simples permettent de préserver l’intimité :

    • installation de portes coulissantes, peu encombrantes ;
    • création de meubles multifonctions faisant office de séparation ;
    • utilisation d’éclairages différenciés pour marquer les ambiances.

    Le résultat ? Un logement évolutif, qui s’adapte aux besoins familiaux sans sacrifier l’harmonie générale.

    Travailler la lumière et l’acoustique : l’art de l’enfilade réussie

    Les enfilades, par leur forme même, offrent une lumière traversante souvent exceptionnelle. Mais encore faut-il la dompter. Trop d’ouvertures mal maîtrisées peuvent créer une sensation de couloir. Pas assez, et l’on étouffe.

    Il faut donc soigner :

    • la gestion des ouvertures (ne pas condamner une double porte vitrée, par exemple) ;
    • le choix des couleurs (privilégier des teintes chaudes dans les pièces orientées nord, plus claires dans les zones exposées plein sud) ;
    • la disposition des meubles, qui doivent accompagner la lumière plutôt que l’entraver.

    L’acoustique, quant à elle, est un vrai sujet. L’enfilade crée naturellement un effet d’écho ou de propagation du bruit. On peut y remédier avec :

    • des tapis épais, des rideaux en lin, des panneaux absorbants ;
    • ou même des éléments végétaux, comme des plantes suspendues qui cassent les ondes sonores.

    La force de l’enfilade, c’est sa capacité à être réinventée

    Longtemps considérées comme une anomalie, les chambres en enfilade trouvent aujourd’hui un second souffle. Elles permettent de composer des séquences architecturales pleines de sens, de créer des liens entre les usages, d’offrir une vraie souplesse d’aménagement.

    Bien pensée, une enfilade devient :

    • un espace fluide et élégant ;
    • une suite confortable et intimiste ;
    • une enfilade familiale à géométrie variable ;
    • un support pour une décoration affirmée.

    Plutôt que de lutter contre, mieux vaut composer avec. Et transformer cette contrainte d’hier en cadre de vie sur-mesure, profondément contemporain.