L'art en rétrospective : Jean Hélion illuminera le Musée d'Art Moderne de Paris en 2024

À l'horizon 2024, le Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris (MAM) s'apprête à célébrer un artiste emblématique de l'abstraction et de la figuration du XXe siècle, Jean Hélion. Ce peintre français, né en 1904 sous le nom de Jean Bichier, a connu une carrière artistique aux multiples facettes, influencée par des rencontres marquantes et des périodes de création distinctes. Sa vision singulière du monde s'apprête à être redécouverte à travers une exposition rétrospective, prévue du 22 mars au 18 août 2024, qui promet d'éclairer à nouveau son œuvre sur la scène artistique contemporaine.

Jean Hélion, parcours d'un artiste visionnaire

Hélion, originaire de la Normandie, fut détourné d'une possible carrière d'ingénieur par les arts. Monté à Paris, il s'immerge dans l'univers de l'architecture et de la peinture, trouvant une révélation dans l'œuvre des maîtres classiques au Louvre. En 1927, il s'installe à Montmartre et commence à transposer dans ses toiles les objets du quotidien. Il expose pour la première fois lors de la foire aux croutes à Montmartre, marquant un début modeste mais significatif de sa carrière d'artiste.

Rapidement, son déménagement à Montparnasse constitue un tournant décisif. Il y côtoie des figures majeures comme Joaquin Torres Garcia qui l'introduit au cubisme, Fernand Léger, Théo van Doesburg et Piet Mondrian. Ces rencontres déterminantes contribuent à façonner son engagement dans le mouvement de l'Abstraction géométrique, où il se fait connaître dès le début des années 1930. Hélion est l'un des membres fondateurs du groupe Art Concret et du collectif Abstraction-Création, des confluences d'artistes qui façonnent l'avant-garde artistique de l'entre-deux-guerres.

L'abstraction comme langage universel

Dans la lignée de ses influences, Hélion déploie une pratique artistique centrée sur des tableaux aux formes géométriques. Son œuvre "Composition orthogonale" (1929-1930) témoigne de cette quête de pureté et de précision, conjuguant lignes et plans colorés. L'artiste qualifie sa démarche de "peinture concrète" plutôt qu'abstraite, soulignant le caractère tangible et réel de ses éléments picturaux. Les lignes droites des débuts s'arrondissent, s'enflent, prenant des allures de volumes pleins dans des toiles comme "Équilibre" (1933) et "Composition" (1934), traduisant une évolution constante dans sa recherche formelle.

Entre peinture et poésie

Hélion n'est pas seulement un homme de pinceaux, mais aussi un homme de lettres. Inspiré par la poésie de Rimbaud et d'autres auteurs symbolistes, il entretient des liens étroits avec des écrivains de son époque tels que Francis Ponge, Raymond Queneau et René Char, avec qui il partage une vision artistique où l'écriture et la peinture se répondent. À partir de 1927, il contribue activement à la revue "L'Acte", analysant et synthétisant l'art contemporain pour les revues européennes.

Un engagement transatlantique

Son installation aux États-Unis en 1934 marque une nouvelle étape dans sa carrière. Hélion y devient un des ambassadeurs de l'abstraction, et son influence sur la scène artistique américaine est considérable. Toutefois, son art subit une transformation profonde avec le tableau "Figure tombée" (1939), où il opère un retour vers la figuration et entame une réflexion sur la chute des idéaux utopiques de l'époque pré-guerre. Cette œuvre symbolise la fin d'une époque d'illusions, et reste une des grandes réalisations de l'art moderne.

Vers une figuration narrative

La figuration s'intensifie dans le travail de Hélion dès la fin des années 1930, avec des œuvres comme "Au cycliste" (1939) qui introduisent des thèmes du quotidien et une narration visuelle. La guerre interrompt temporairement cette évolution, mais son engagement dans l'armée française ne fait que renforcer sa conviction de la nécessité d'ancrer son art dans le réel. Après la guerre, il continue d'explorer la figuration, faisant de l'homme, de la femme et de la rue les protagonistes centraux de ses compositions.

Un héritage en lumière

L'exposition rétrospective de 2024 au MAM sera un hommage à la trajectoire d'un artiste qui a su traverser et influencer plusieurs courants artistiques. Jean Hélion, par son œuvre intemporelle et sa quête incessante de renouvellement, illuminera le Musée d'Art Moderne de Paris et offrira au public l'opportunité de plonger dans la richesse d'un art qui n'a cessé de dialoguer avec le monde. L'événement sera une invitation à redécouvrir l'œuvre de cet artiste majeur, reflet d'une époque riche en bouleversements et en créativité.

La lumière se prépare à briller sur une figure importante de l'art moderne, promettant une rétrospective incontournable pour les amateurs d'art et les curieux. En témoignant de l'importance de Jean Hélion, le Musée d'Art Moderne de Paris jouera un rôle essentiel dans la transmission de son héritage artistique, rappelant combien chaque époque façonne ses propres maîtres, mais aussi combien leurs visions continuent d'inspirer et d'enrichir les générations futures.