Maupal : de street artiste méconnu à illustrateur des messages du Pape

Dans l’univers vibrant et transgressif du street-art, Mauro Pallotta, plus connu sous le pseudonyme de Maupal, a su se frayer un chemin inattendu, le menant des pavés romains aux palais sacrés du Vatican. C’est l’histoire d’une rencontre singulière, celle d’un artiste et d’un Pape, se croisant d'abord dans les ruelles, puis s'unissant dans une collaboration spirituelle et artistique sans précédent. Quelques jours après Pâques, nous plongeons dans l'atelier de cet homme de 52 ans pour découvrir comment ses œuvres ont fini par illustrer les messages du Pape François durant le Carême.

Sous le charme du quartier, un artiste prend son envol

C’est dans le décor pittoresque des rues pavées jouxtant le Vatican que Maupal a tissé les premiers fils de son destin artistique. Là, dans ce quartier autrefois populaire, où artisans et familles modestes cohabitaient et où la délinquance se mêlait à la solidarité, Maupal a grandi et développé sa passion pour l’art. Il évoque avec nostalgie cette époque révolue, un temps où les portes restaient ouvertes et où la communauté formait un véritable cocon sécurisant.

"Superpape" : le coup de pinceau qui changea tout

La simplicité et le discours humaniste du Pape François ont résonné en Maupal, lui-même croyant à sa manière, bien qu'il ne fréquente pas assidûment les bancs d'église. Inspiré par cette figure atypique, Maupal a un jour laissé son imagination et ses pinceaux créer une représentation iconoclaste : le Pape François, tel un super-héros à la Superman, mais avec une touche d’humanité : lunettes, petit ventre et cartable en bandoulière.

Lorsqu'il apposa son dessin sur un mur à l’entrée du Vatican, nul n’aurait pu prédire l’impact viral de son œuvre. Les réseaux sociaux s’enflammèrent, propulsant son "Superpape" aux quatre coins du globe et marquant la fin des années de galère pour Maupal. Soudainement, les commandes de graffs et de tableaux street art affluent et le street artiste utilise sa notoriété pour transmettre son art dans les écoles, maisons de retraite et même en prison.

Quand le Vatican compose le numéro de l'artiste

Bien que ses premiers dessins aient créé une certaine tension au sein du Saint-Siège, la détermination et la récurrence des œuvres de Maupal représentant le Pape ont fini par attendrir les autorités ecclésiastiques. Le Vatican lui-même a fini par reconnaître dans cet "aimable rebelle" un talent et une voix à valoriser. En une forme de consécration, Maupal s’est vu confier la tâche d’illustrer les communications hebdomadaires du Pape pendant le Carême.

Cette collaboration marque une évolution significative dans la perception du street-art en Italie, souvent associé à un geste de délinquance. A présent, Maupal n'a plus besoin de ses promenades canines pour croiser François. Lors de leur dernière rencontre, le souverain pontife, non sans humour, a même interpellé l'artiste sur sa représentation quelque peu généreuse de sa silhouette.

Un tracé divin pour un street artiste

La trajectoire de Maupal est une parabole moderne sur le pouvoir de l'art et sur comment il peut transcender les frontières sociales et culturelles. L’histoire de cet homme, qui a vu son talent reconnu par l’une des plus hautes instances religieuses, est une inspiration pour les artistes de rues du monde entier, prônant la possibilité d'un dialogue entre la tradition et la modernité, entre le sacré et le profane.

En effet, la rencontre fortuite entre Maupal et le Pape François illustre parfaitement que, dans la danse parfois imprévisible de la vie, l'art possède ce pouvoir unique de connecter les gens, peu importe leur rang ou leur croyance. Pour Maupal, cet échange inattendu avec le leader spirituel des Catholiques n'est pas seulement une reconnaissance de son art : c'est la preuve vivante que les messages porteurs d'humanité et de bienveillance peuvent trouver écho même sur les murs les plus inattendus.

L'ascension d'une étoile du street-art, de l’ombre des ruelles romaines à la lumière spirituelle du Vatican, Maupal nous rappelle que la foi, qu’elle soit religieuse ou artistique, peut mener à des miracles créatifs, à des alliances inédites et à des expressions culturelles renouvelées, touchant le cœur de la communauté mondiale.